Tuesday 28 July 2015

Chapitre 2 La Belle Laideur (refait 10.09.16)

J'arrive au Bar Tabac La Lorraine tout trempé.

J'aperçois le léger crépitement des bougies qui prennent fin à peine, ses gestes nerveux, tremblant de réveiller pour perfectionner le coup mortel.

Ces bougies sur les tables me chantent de beaucoup de commérages, des nouvelles, sans intérêt, sans profondeur.

Chut!  On ne dit pas ça, il est inadmissible.

Qui a dit ça?  

Est-il le bourdonnement de certain insectes volants qui échappent la lumière, l'anéantissement des bougies?  Est-il le murmure sourd d'une chanson désespérée?

Tout simplement, non.

Dans l'obscurité humide du Bar Tabac La Lorraine je constate Jean-Patrick et Maurice au comptoir, avachis sous leur tabagisme, sans vigueur; leurs clopes paresseux, jamais écrasés, laissés se consumer lentement entre leurs doigts jaunis.  

Ils sont entourés d'une grande brume des nuages de fumée odorantes, suffocantes.  La combustion lente dégage des vapeurs plus toxiques, plus chaud que l'air ambiant, plus gris que les cendriers.

Quelqu'un va chercher les mégots en vain plus tard.  Quelqu'un que est habitué à les ramasser pour en recouper le tabac sacré en formant des nouvelles.  Mais pour l'instant, il y a Jean-Patrick et Maurice et Robert.

Robert est derrière le comptoir comme d'habitude.  Il est un peu dégagé.  Il offre une aristocratie amère de la désinvolture des sentiments, son visage pâle.  C'est un visage du ciment froid, bois dur.  Un visage du matin.  Un visage épuisé.  Un visage du monde.  

Il a l'air d'avoir dormi sept heures sans débrider.  Il inhale avec réticence la présence de Jean-Patrick et Maurice comme la peste, comme une maladie contagieuse.  

Je n'ai pas l'impression qu'il les déteste mais qu'il les accepte comme une réalité intrinsèque du café, la présence quotidienne de laideur, une absence de beauté dans sa propre vie.   

Le décor en tout sens est terriblement banal.

Peut-être c'est pour cette raison, cette présence quotidienne de laideur dans le café et les clients, que j'accepte moi-même de fréquenter cet endroit.  Il me donne un certain sens de continuité.

Je cherche une cigarette.  Tout est trempé.  

Je suis soudainement envahi par la réalisation que je déteste la pluie, que je déteste ce café aussi bien que moi-même.  La seule continuité est l'avilissement d'exister dans cette réalité et pas dans une autre.

Là, je ne peut pas éviter de sourire malgré moi-même. 

Pourquoi?  Car je me sens ridicule d'être troublé par une descente que a est déjà commencée.  Je me suis habitué au mal absolu il y a longtemps.

Donc je me fais un cadeau d'imaginer que cette impression désagréable pourrait faire naître en moi un nouveau monde, un nouveau jour.  La mémoire devient instable et peut être changée.  Un souvenir doit être rendu moins vif et donc plus gérable.

Je commande un café.  

Personne me demande comment je vais.  

Je commande un paquet de Galloises.

Personne me regarde dans les yeux.

Ma vie est marquée par de longues périodes de ne pas parler à personne; un arrêt prolongé sur la syllabe de la voie solitaire.  Je marche les routes internes.

Je prends mon café et mon paquet de Galloises jusqu'à une petite table près de l'entrée.  L'intérieur du Bar Tabac  La Lorraine a une vue bornée; peu de lumière, peu d'ambition. 

Au moment où je glisse la première cigarette du jour entre mes lèvres, tout prêt à l'allumer je repère du coin de l’œil un inconnu assis à une table la plus éloignée du comptoir  dans l'ombre des bougies vacillantes.

Il essaie de lire un journal.  Il ne retient que les informations qui lui conviennent et il rejette celles qui ne lui conviennent pas.  Sa cigarette brûle dans un cendrier, oubliée.  Il n'est plus un fantôme de la pluie.  Maintenant il a de chair, il a d'os.  J'ai un sentiment vague d'angoisse.  Je ne sais pas pourquoi mais ce mec me donne l'impression qu'il est immuablement voué à mon destruction et à son propre autodestruction.  Je le sens fortement.  Il aborde sa vie avec un mélange d'ironie et de la haine.  

Son café refroidit.  J'imagine qu'il exagère ses côtés hideux sans effort.  Il pense sans cesse du péché.  C'est évident à moi que sa manière de percevoir les choses crée une réalité hideuse en lui.  Le dédain qu'il éprouve à mon égard est inquiétant.

Je regarde Jean-Patrick, Maurice et Robert au comptoir et je me calme un peu.  

Maurice, par exemple, a connu à plusieurs reprises l'approche de la fin.  Je l'ai entendu dire à Jean-Patrick plusieurs fois.  Il a raconté que la bataille psychologique fait rage dans son esprit entre les anges déchus et les monstres; un sorte de guerre céleste entre la beauté et la laideur joué dans son esprit.  

Mais je sais que Maurice dramatise à l'excès ses souffrances. En fait, il maîtrise l'art de se plaindre.  


















Au moment où j'ouvre la porte, une bouffée de bruit, un souffle brusque et intermittent des éclats de discussion fait de se disperser sur divers objets en différentes directions, se mêlent un instant à la rumeur du dehors.

Le crépitement de la bougie qui achève sur la table chant de beaucoup de commérages.
  Dans l'obscurité humide je constate Jean-Patrick et Maurice au comptoir.  Leurs négociations continuent.  Le coût de la vie a véritablement trop augmenté.  Ils sont entraînés par leur irréfragable tendance pour la bière, en font souvent des excès qui les dégradent.  Mais ce matin, ils sont calmes.  La tempête de débauche attarde sur l'horizon lointain.  Ils tâtonnent dans une vie alcoolique pour trouver la plus grande stimulation possible avant que tout se dissout.  

Ils s'engagent souvent en les petits escarmouches.  Je préférais papillonner entre entre leurs tracasseries.  Leurs arguments se fusionnent d'un aléatoire extrême; toujours en danger.  

Jean-Patrick écoute la voix de Maurice qui prétend poésie sans en mériter le nom.  L’idée de la voix de Maurice ne manque pas de susciter une forte surprise chez Jean-Patrick.  Il laisse la voix de Maurice si percutante la conduite de la mélodie douloureuse.  Maurice, qui est issue d'un foyer déchiré; son père alcoolique et violent.

Il sait exactement qui est Maurice, qui il est devenu mais personne peut expliquer les idées fécondes qui ont donner naissance à ce monstre.

Je constate toutes les odeurs du café.

J’ai la sensation récurrent de vivre un instant à la fois éternel et atemporel, un glissement 
d’instants de la conscience dans le temps qui constitue le hors de temps, des petits néants qui font partie de moi, puis s’en séparer.  Mais rien peut apprivoiser ce vertige quotidienne.   Je pense à l'infinie et dans l'infinie de toutes les dimensions y compris dans ma mémoire inconsciente.

C’est une ambition kantienne de me arracher du temps.  Je cherche l’affirmation de ma liberté en m’arrachent du temps dans un monde de perceptions que je projette sur des objets pour les éclairer. Mais cette liberté imaginaire de mon esprit n’affirme rien.  J’essaie de me convaincre que toute existence n’est pas dépendante des conditions d’espace et du temps.  Sans moi, l’espace et les temps ne sont rien.

La mémoire devient instable et peut être changée.  Je ne suis plus de force à noter certains souvenirs. Toute pensée imprégnée d'images incrustées dans l'intemporel.  

Un souvenir doit être rendu moins vif et donc plus gérable.  

Jean-Patrick a un goût pour les idées générales; le prestige de la théorie et pour les vues panoramiques.  Il étaye ses remarques d'une multitude de références sophistiquées.  Ses idées s'accompagnent d'ombres qui leur donnent leur densité.  Jean-Patrick a des cheveux gris et une barbe de deux ans aussi admiré que détesté par Maurice.  

Maurice est d'une extrême maigreur.  Il pèse rien à vrai dire.  Il marche dans le noir, inquiété  Il n'est pas capable de s'enraciné dans le quotidien.  

Il maîtrise l'art de se plaindre et se plait à démonter les rouages de chaque possibilité de bonheur pour la changer, en réajustant à sa manière en un système à un grand ennui avec des conséquences négatives qui brisent l’action et non pas le désir.  Il préfère se perdre dans ses rêves.

Il cherche souvent à anéantir la dignité de Jean-Patrick, à engendrer une situation, un état des choses qui rend Jean-Patrick la victime d’un processus de déshumanisation.  Maurice veut persécuter Jean-Patrick et projette sur lui les difficultés qu’il pourrait avoir lui même parce qu’il veut annihiler l’identité sociale de Jean-Patrick.  

Jean-Patrick a subi des manoeuvres de Maurice visant à exploiter des faits pour lui discréditer et le faire taire.  Nul besoin d’être intelligent pour comprendre la situation: Maurice essaie de restreindre sa liberté et de l’empêcher de s’exprimer.  Mais pourquoi?  Pense-il que Jean-Patrick est un stéreotype? Veut-il donc dévoiler les faux semblants, essayer de détourner 
l’acquis, les stéreotypes?  Veut-il montrer l’opposition entre la façade d’être complex de Jean-Patrick, et la réalité?  

Ma vie est marqué par de longues périodes de ne pas parler à personne; un arrêt prolongé sur la syllable de la voie solitaire.

J’arrive à la conclusion que il n’y a pas une réalité mais des réalités, chacune à la sienne, la pulsation de l’intérieure.

Jean-Patrick se dit qu’il faut avoir une capacité d’empathie pour la vie malmenée, la vie cassée de Maurice qui, suite d’une prise excessive d’anti-depresseurs et de la bière, a rêvé de sommets qu’il ne pourrait jamais atteindre.  Il voit Maurice déchu dans l’ombre au but d’une pénible exploration de son inconcient.  Il croit qu’il est le réceptacle des qualites de l’ombre, de trouble profound que Maurice est en train de refouler.  

Je marche les routes internes.

Maurice ne fait rien qui n'est pas accompagné pour les moins quelques centaines de mots explicatifs. C'est sa façon de pallier par surabondance du discours sa regrettable absence d'intelligence.  Il est né dans un état de médiocrité.  Toutefois, il rejette l’admiration servile qu’il ne reserve à personne.

et essaie de dévoiler les faux semblants.

Un jour, il va se soûler de plaisirs.  Il va vouloir jouer avec l’idée de «si»; la porte des possibilités qui naissent devant le trop plein de perspectives, d’un noceur abîmé par l’alcool.  

«Si cette nuit je...»

Jean-Patrick va murmurer cette pensée: «Si un autre monde est possible, expérimentons-la!»

«Mais oui!  C’est sur cet infini que se fracassent les révolutions!»

«Peuh.  La révolution ne fait rien qu’augmenter les allusions aux clichés des pignoufs.  Cela n’est pas la seule solution...liberté, impertinence, impudence.  Seuls les actes qui ne soient pas causées dans le passé pourraient être considéré comme une telle liberté.»

«Il pleut bien fort ce matin et si c’était de raisins blancs ou raisins noirs...»

«...et puis on les foule avec les pieds pour extraire le vin!»

«Hé bien!»

Je suis fort ennuyé par cette bourrasque de conversation.  Le vin pris avec excès abrutit ces hommes.  Tout le monde devient plus moche.  Ce monde est sale de bêtise.  Je cherche la guérison ou la destruction.

La pluie me rappelle aux mythes diluviens.  L’homme prolifère trop rapidement.  Quelqu’un a pris la décision de noyer tous les humains afin de récupérer le terre.  Mais en lieu de prendre la décision de ne pas tenter de détruire les humains, il a décidé d’instaurer la maladie et la misère pour diminuer la population.

Maurice a connue à plusieurs reprises l’approche de la fin.  La bataille psychologique fait rage dans son esprit entre les anges déchus et les montres; une sorte de guerre céleste dans son esprit.  Son imagination est trop fertile en inventions morbides.  Il dramatise à l’excès ses souffrances.  Il voit tout comme une victime.  Il affirme, sans l’ombre d’un regret, que la vie est réduite en cendres sous ses yeux.  

C’est une obsession de la confession et le besoin de punition.

Jean-Patrick veut découvrir pour Maurice les raisons de son goût de l’auto-destruction.  Si Maurice est destructeur en soi et malheureux en conséquence, pourquoi lutter pour un avenir meilleur?  Où est sa pulsion de l’auto-conservation?

Maurice cherche dans la consommation une manière de perdre le souvenir de la vie.  Il 
n’aspire qu’à se faire oublier de tous, perdre la conscience de soi, de ne rien garder en mémoire des tribulations, des calamités, des épreuves, des conséquences négatives.  C’est une volonté intentionnellement négative.

Mais où est la voile qu’il soulève qui permet de voir enfin la vérité?  Et quelle vérité?

Il préfère la quête effrénée de la jouissance immédiate comme la conséquence joyeuse de contempler ses prédictions les plus sombres.  Il a une volonté violent de satisfaire ses désirs à n’importe de quel prix; un nihilisme d’autosatisfaction.

Je sors une liste de ma poche des grandes peurs.  C’est ma manière à moi d’ériger une silence autour de moi, de me débarrasser de leur alcoolisme dérisoire.

Robert est derrière le comptoir, comme d'habitude.  Il est un peu dégagé.  Il offre une aristocratie amère de la désinvolture des sentiments; son visage pâle.  Un visage du ciment froid, bois dur.  Un visage du matin.  Un visage épuisé.  Un visage du monde.  Il a l'air d'avoir dormi sept heures sans débrider.  Il traite des mentalités de Jean-Patrick et Maurice comme la peste, comme une maladie contagieuse.   Chacun veut témoigner individuellement sur son présent.

Le décor est terriblement banal.  

Un inconnu assis à la table qui est le plus éloignée du comptoir.  Il lis un journal. Il ne retient que les informations qui lui conviennent et rejette celles qui ne lui conviennent pas.  Sa cigarette brûle dans un cendrier. Il est immuablement voué à mon destruction et à son autodestruction.  Je le sens fortement.  Il aborde sa vie avec un mélange d'ironie et haine.  

Son café refroidit.  J'ai l'impression que il exagère ses côtés hideux sans effort.  Il pense sans cesse du péché.  C'est évident que sa manière de percevoir les choses crée une réalité hideuse en lui.

Le dédain qu'il éprouve à mon égard est inquiétant.

Je cherche une cigarette.  Tout est trempé.  Je déteste la pluie.  Je déteste ce café. Je déteste moi-même.  Je commande un café.  Personne me demande comment je vais.  Je commande un paquet de Galloises.

J’ai le sentiment vague d'angoisse.  Je n'ai pas le point de repères.

Le café a une vue bornée.  Peu de lumière, peu d'ambition.  Ceux qui sont assis semblent d'avoir l'esprit borné.

Maurice souffle bruyamment à l'oreille de Jean-Patrick, "blablabla"




du 26 09 15

J'arrive au café tout trempé.

Le crépitement de la bougie qui achève sur la table chant de beaucoup de commérages.

Dans l'obscurité humide je constate Jean-Patrick et Maurice au comptoir.  Leurs négociations continuent.  Le coût de la vie a véritablement trop augmenté.  Ils sont entraînés par leur irréfragable tendance pour la bière, en font souvent des excès qui les dégradent.  Mais ce matin, ils sont calmes.  La tempête de débauche attarde sur l'horizon lointain.  Ils tâtonnent dans une vie alcoolique pour trouver la plus grande stimulation possible avant que tout se dissout.  

Ils s'engagent souvent en les petits escarmouches.  Jean-Patrick écoute la voix de Maurice qui prétend poésie sans en mériter le nom.  

Je constate toutes les odeurs du café.

J’ai la sensation recurrent de vivre un instant à la fois éternel et atemporel, un glissement 
d’instants de la conscience dans le temps qui constitue le hors de temps, des petits néants qui font partie de moi, puis s’en séparer.

C’est une ambition kantienne de me arracher du temps.  J’essaie de me convaincre que toute existence n’est pas dépendante des conditions d’espace et du temps.  Sans moi, l’espace et les temps ne sont rien.

La mémoire devient instable et peut être changée.

Un souvenir doit être rendu moins vif et donc plus gérable.  

Jean-Patrick a des cheveux gris et une barbe de deux ans aussi admiré que détesté par Maurice.  

Maurice maîtrise l'art de se plaindre et se plait à démonter les rouages de chaque possibilité de bonheur pour la changer, en réajustant à sa manière en un système à un grand ennui avec des conséquences négatives qui brisent l’action et non pas le désir.

Il cherche souvent à anéantir la dignité de Jean-Patrick, à engendrer une situation, un état des choses qui rend Jean-Patrick la victime d’un processus de déshumanisation.  Maurice veut persécuter Jean-Patrick et projette sur lui les difficultés qu’il pourrait avoir lui même parce qu’il veut annihiler l’identité sociale de Jean-Patrick.  

Jean-Patrick a subi des manœuvres de Maurice visant à exploiter des faits pour lui discréditer et le faire taire.  Nul besoin d’être intelligent pour comprendre la situation: Maurice essaie de restreindre sa liberté et de l’empêcher de s’exprimer.  Mais pourquoi?  Pense-il que Jean-Patrick est un stéréotype? Veut-il donc dévoiler les faux semblants, essayer de détourner 
l’acquis, les stéréotypes?  Veut-il montrer l’opposition entre la façade d’être complexe de Jean-Patrick, et la réalité?  

Ma vie est marqué par de longues périodes de ne pas parler à personne; un arrêt prolongé sur la syllabe de la voie solitaire.

J’arrive à la conclusion que il n’y a pas une réalité mais des réalités, chacune à la sienne, la pulsation de l’intérieure.

Jean-Patrick se dit qu’il faut avoir une capacité d’empathie pour la vie malmenée, la vie cassée de Maurice qui, suite d’une prise excessive d’anti-depresseurs et de la bière, a rêvé de sommets qu’il ne pourrait jamais atteindre.  Il voit Maurice déchu dans l’ombre au but d’une pénible exploration de son inconscient.  Il croit qu’il est le réceptacle des qualités de l’ombre, de trouble profond que Maurice est en train de refouler.  

Je marche les routes internes.

Maurice ne fait rien qui n'est pas accompagné pour les moins quelques centaines de mots explicatifs. C'est sa façon de pallier par surabondance du discours sa regrettable absence d'intelligence.  Il est né dans un état de médiocrité.  Toutefois, il rejette l’admiration servile qu’il ne réserve à personne.

et essaie de dévoiler les faux semblants.

Un jour, il va se soûler de plaisirs.  Il va vouloir jouer avec l’idée de «si»; la porte des possibilités qui naissent devant le trop plein de perspectives, d’un noceur abîmé par l’alcool.  

«Si cette nuit je...»

Jean-Patrick va murmurer cette pensée: «Si un autre monde est possible, expérimentons-la!»

«Mais oui!  C’est sur cet infini que se fracassent les révolutions!»

«Peuh.  La révolution ne fait rien qu’augmenter les allusions aux clichés des pignoufs.  Cela n’est pas la seule solution...liberté, impertinence, impudence.  Seuls les actes qui ne soient pas causées dans le passé pourraient être considérés comme une telle liberté.»

«Il pleut bien fort ce matin et si c’était de raisins blancs ou raisins noirs...»

«...et puis on les foule avec les pieds pour extraire le vin!»

«Hé bien!»

Je suis fort ennuyé par cette bourrasque de conversation.  Le vin pris avec excès abrutit ces hommes.  Tout le monde devient plus moche.  Ce monde est sale de bêtise.  Je cherche la guérison ou la destruction.

Je sors une liste de ma poche des grandes peurs.  C’est ma manière à moi d’ériger une silence autour de moi, de me débarrasser de leur alcoolisme dérisoire.

Robert est derrière le comptoir, comme d'habitude.  Il est un peu dégagé.  Il offre une aristocratie amère de la désinvolture des sentiments; son visage pâle.  Un visage du ciment froid, bois dur.  Un visage du matin.  Un visage épuisé.  Un visage du monde.  Il a l'air d'avoir dormi sept heures sans débrider.  Il traite des mentalités de Jean-Patrick et Maurice comme la peste, comme une maladie contagieuse.   Chacun veut témoigner individuellement sur son présent.

Le décor est terriblement banal.  

Un inconnu assis à la table qui est le plus éloignée du comptoir.  Il lis un journal. Il ne retient que les informations qui lui conviennent et rejette celles qui ne lui conviennent pas.  Sa cigarette brûle dans un cendrier. Il est immuablement voué à mon destruction et à son autodestruction.  Je le sens fortement.  Il aborde sa vie avec un mélange d'ironie et haine.  

Son café refroidit.  J'ai l'impression que il exagère ses côtés hideux sans effort.  Il pense sans cesse du péché.  C'est évident que sa manière de percevoir les choses crée une réalité hideuse en lui.

Le dédain qu'il éprouve à mon égard est inquiétant.

Je cherche une cigarette.  Tout est trempé.  Je déteste la pluie.  Je déteste ce café. Je déteste moi-même.  Je commande un café.  Personne me demande comment je vais.  Je commande un paquet de Galloises.

J’ai le sentiment vague d'angoisse.  Je n'ai pas le point de repères.

Le café a une vue bornée.  Peu de lumière, peu d'ambition.  Ceux qui sont assis semblent d'avoir l'esprit borné.

Maurice souffle bruyamment à l'oreille de Jean-Patrick, "blablabla"



****

J'arrive au café tout trempé.

Le crépitement de la bougie qui achève sur la table chant de beaucoup de commérages.

Dans l'obscurité humide je constate Jean-Patrick et Maurice au comptoir.  Leurs négociations continuent.  Le coût de la vie a véritablement trop augmenté.  Ils sont entraînés par leur irréfragable tendance pour la bière, en font souvent des excès qui les dégradent.  Mais ce matin, ils sont calmes.  La tempête de débauche attarde sur l'horizon lointain.  Ils tâtonnent dans une vie alcoolique pour trouver la plus grande stimulation possible avant que tout se dissout.  

Ils s'engagent souvent en les petits escarmouches.  Jean-Patrick écoute la voix de Maurice qui prétend poésie sans en mériter le nom.  

Je constate toutes les odeurs du café.

J’ai la sensation pléonastique de vivre un instant à la fois éternel et atemporel, un glissement d’instants (de la conscience dans le temps constitue le hors de temps), des petits néants.  C’est une ambition kantienne de me arracher du temps.  J’essaie de me convaincre que toute existence n’est pas dépendante des conditions d’espace et du temps.  Sans moi, l’espace et les temps ne sont rien;

Jean-Patrick a des cheveux gris et une barbe de deux ans aussi admiré que détesté par Maurice.  

Maurice maîtrise l'art de se plaindre et se plait à démonter les rouages de chaque possibilité de bonheur pour la changer, en réajustant à sa manière en un système à un grand ennui avec des conséquences négatives.  

Il ne fait rien qui n'est pas accompagné pour les moins quelques centaines de mots explicatifs. C'est sa façon de pallier par surabondance du discours sa regrettable absence d'intelligence.  Il est né dans un état de médiocrité.  

Un jour, il va se soûler de plaisirs.  Il va vouloir jouer avec l’idée de «si»; la porte des possibilités qui naissent devant le trop plein de perspectives, d’un noceur abîmé par l’alcool.  

«Si cette nuit je...»

Jean-Patrick va murmurer cette pensée: «Si un autre monde est possible, expérimentons-la!»

«Mais oui!  C’est sur cet infini que se fracassent les révolutions!»

«Peuh.  La revolution ne fait rien qu’augmenter les allusions aux clichés des pignoufs.  Cela n’est pas la seule solution...liberté, impertinence, impudence.  Seuls les actes qui ne soient pas causées dans le passé pourraient être considéré comme une telle liberté.»

Robert est derrière le comptoir, comme d'habitude.  Il est un peu dégagé.  Il offre une aristocratie amère de la désinvolture des sentiments; son visage pâle.  Un visage du ciment froid, bois dur.  Un visage du matin.  Un visage épuisé.  Un visage du monde.  Il a l'air d'avoir dormi sept heures sans débrider.  Il traite des mentalités de Jean-Patrick et Maurice comme la peste, comme une maladie contagieuse.   Chacun veut témoigner individuellement sur son présent.

Le décor est terriblement banal.  Ce monde est sale de bêtise.  Je cherche la guérison ou la destruction.

Un inconnu assis à la table qui est le plus éloignée du comptoir.  Il lis un journal. Il ne retient que les informations qui lui conviennent et rejette celles qui ne lui conviennent pas.  Sa cigarette brûle dans un cendrier. Il est immuablement voué à mon destruction et à son autodestruction.  Je le sens fortement.  Il aborde sa vie avec un mélange d'ironie et haine.  

Son café refroidit.  J'ai l'impression que il exagère ses côtés hideux sans effort.  Il pense sans cesse du péché.  C'est évident que sa manière de percevoir les choses crée une réalité hideuse en lui.

Le dédain qu'il éprouve à mon égard est inquiétant.

Je cherche une cigarette.  Tout est trempé.  Je déteste la pluie.  Je déteste ce café. Je déteste moi-même.  Je commande un café.  Personne me demande comment je vais.

Le sentiment vague d'angoisse.  Je n'ai pas le point de repères.

Le café a une vue bornée.  Peu de lumière, peu d'ambition.  Ceux qui sont assis semblent d'avoir l'esprit borné.


Maurice souffle bruyamment à l'oreille de Jean-Patrick, "blablabla"



ancienne version

J'arrive au café tout trempé.



Le crépitement de la bougie qui achève sur la table chant de beaucoup de commérages.



Dans l'obscurité humide je constate Jean-Patrick et Maurice au comptoir.  Les négociations continuent.  Le coût de la vie a véritablement trop augmenté.  Ils sont entraînés par leur irréfragable tendance pour la bière, en font souvent des excès qui les dégradent.  Mais ce matin, ils sont calmes.  La tempête de débauche attarde sur l'horizon lointain.  Ils tâtonnent dans une vie alcoolique pour trouver la plus grande stimulation possible avant que tout se dissout.  

Ils s'engagent souvent en les petits escarmouches.  Jean-Patrick écoute la voix de Maurice qui prétend poésie sans en mériter le nom.  

Jean-Patrick a des cheveux gris et une barbe de deux ans aussi admiré que détesté par Maurice.  

Maurice a maîtrisé l'art de se plaindre.  En fait, il ne fait rien qui n'est pas accompagné pour les moins quelques centaine de mots explicatifs. C'est sa façon de pallier par surabondance du discours sa regrettable absence d'intelligence.  Il est né dans un état de médiocrité.  



Robert est derrière le comptoir, comme d'habitude.  Son visage pâle.  Un visage du ciment froid, bois dur.  Un visage du matin.  Un visage épuisé.  Un visage du monde.  Il a l'air d'avoir dormi sept heures sans débrider.  Il traite des des mentalités de Jean-Patrick et Maurice comme la peste, comme une maladie contagieuse.   Chacun veut témoigner individuellement sur son présent.


Le décor est terriblement banal.  Ce monde est sale de bêtise.  Je cherche la guérison ou la destruction.



Un inconnu assis à la table qui est le plus éloignée du comptoir.  Il lis un journal. Il ne retient que les informations qui lui conviennent et rejette celles qui ne lui conviennent pas.  Sa cigarette brûle dans un cendrier. Il est immuablement voué à mon destruction et à son autodestruction.  Je le sens fortement.  Il aborde sa vie avec un mélange d'ironie et haine.  

Son café refroidit.  J'ai l'impression que il exagère ses côtés hideux sans effort.  Il pense sans cesse du péché.  C'est évident que sa manière de percevoir les choses crée une réalité hideuse en lui.

Le dédain qu'il éprouve à mon égard est est inquiétant.



Je cherche une cigarette.  Tout est trempé.  Je déteste la pluie.  Je déteste ce café. Je déteste moi-même.  Je commande un café.  Personne me demande comment je vais.

Le sentiment vague d'angoisse.  Je n'ai pas le point de repères.

Le café a une vue bornée.  Peu de lumière, peu d'ambition.  Ceux qui sont assis semblent d'avoir l'esprit borné.

Maurice souffle bruyamment à l'oreille de Jean-Patrick, "blablabla"


Chapitre 3: L'anthologie du désespoir

Chapitre 3: L'anthologie du désespoir (plutôt son histoire)

l'humour noir est la politesse du désespoir

VOYOU: Homme généralement jeune au comportement grossier et provocant, de mœurs douteuses et sans moralité.  Accent des voyous de Paris; voyou notoire; voyous en casquette. Le vin coulait en ruisseaux, mouillait les pieds, les voyous buvaient dans des culs de bouteille, et vociféraient en titubant (Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 114)
Rimbaud le voyou

la petite chambrette
je me comporte très vite, très mal.
essayer de voyager gratuitement
je m'en merde de tout le monde.
un sale petit con
je n'ai plus des désillusions

elle me trouve drôle
débouché.

travailler maintenant?  jamais, je suis en grève.

Verlaine attends une lettre
Moi, sans flamme.

Je me suis tranquillement installé dans le salon.

ses genoux au estomac en tremblant.
L'histoire authentique;
plus d'argent
misérablement ensembles.

Le commun éclat.

Le vin coulait et nos bouches regorgent des phrases bizarres, les mots lugubres:

l'expérience poétique est
l’alchimie de l'ambition et de corruption.

je ne cesse de m'engager dans toutes sortes de
ma propre connaissance.

il faut être voilant.
je me voile, je me cache sous 
l'inconnu.

Je perds mon éclat.

la rage.  Moi.
l’irréalité de la vie.
Ma passion noire.

Pourquoi?

J'arrive à l'inconnu.  Les mirages sont multipliés,
couverts des froides sueurs.