Wednesday 5 August 2015

Les Grandes Peurs

10 heures du matin:

La pluie écoule à la surface du trottoir et je me promène dans les gouttelettes d'eau, dans le ruissellement de la pluie, le refus d'infiltration d'un sol déjà saturé par la pluie.

C'est une grosse pluie qui tambourine, qui tombe abondement et qui augmente l'atmosphère funèbre déjà dans ma tête.

La confrontation de l'air chaud et l'humidité devient le battement de la pluie qui pourrait être un nettoyage psychologique, un mécanisme purificateur.

Mais c'est une pluie d'une tristesse profonde.  Seul.

L'esprit chagrin, la tête abattu, c'est une pluie d'une inquiétante étrangeté. L'imposition d'une obscure volonté.

C'est une pluie d'un rêve d'angoisse.

"Nuages Gris" a été composé par Franz Liszt, consumé en désirs indomptables en 1881.  Il y a 90 ans.

Il est farci de dépouillement envoûtant et l'atonalité prophétique. il est d'une réintroduction du matériel existant dans de nouveaux développements mélodiques.

Liszt était inondé par la séduction d'un monde fantastique.

Les minuscules gouttes d'eau tombent avec un sensibilité indicible.

Je lève les yeux.  Plus le nuage est épais, plus il paraît sombre car la lumière a beaucoup des difficultés à traverser ces gouttes d'eau.

Le sol réémet la lumière par réflexion qui ajoute un peu de lumière à la surface visible des nuages mais l'ombre ne cesse de gagner du terrain.

Tout ce qu’un nuage peut contenir de besoins et d’ennuis profonds, j’ai tout senti.

J'arrives.

La pluie qui reflète plutôt le scintillement de l’âme.

Les coups de vent qui accompagne la pluie sont une musique de désillusion.

J'arrives au café tout trempé.

Le crépitement de la bougie qui achève sur la table chant de beaucoup de commérages.

Dans l'obscurité humide je constate Jean-Patrick et Maurice au comptoir.  Les négociations continuent.  Le coût de la vie a véritablement trop augmenté.

Robert est derrière le comptoir, comme d'habitude.  Son visage pâle.  Un visage du ciment froid, bois dur.  Un visage du matin.  Un visage épuisé.  Un visage du monde.

Le décor est terriblement banal.

Un inconnu assis à la table qui est le plus éloignée du comptoir.  Il lis un journal.  Sa cigarette brûle dans un cendrier.  Son café refroidit.

Je cherche une cigarette.  Tout est trempé.  Je déteste la pluie.  Je déteste ce café.  Je déteste moi-même.  Je commande un café.  Personne me demande comment je vais.

Comment les défunts peuvent communiquer?





No comments:

Post a Comment